HISTORIQUE DU CLOS DE L'ABBAYE

Le Clos de l’Abbaye  a été le siège d’une abbaye millénaire. Il s’agissait d’une abbaye royale comme le montre le blason au-dessus de la porte de l’église, marqué des armes de la famille de France, 3 fleurs de lys, afin d’affirmer la fondation royale de l’abbaye associées à une crosse en- dedans symbole de l’abbesse.
En effet, à partir de l’avènement de  François 1er, la nomination des abbesses revient au roi de France et à ce titre les abbesses de ce monastère se définissent comme « Abbesses de l’Abbaye Royale de Saint Jean de Bonneval ».



LA FONDATION
L’abbaye est  fondée au Xème siècle, en l’an 973,  par un acte du roi Lothaire.  Il s’agit d’une abbaye de femme  placée sous la règle de Saint Benoit,  au sein de laquelle se succéderont 49 abbesses. Un couvent de bénédictines avec une vie réglée par le travail et la prière (8 prières par jour, des vigiles aux complies)



UN EMPLACEMENT  CHOISI


Installées sur ce site de presque 8ha situés au cœur du bourg, les fondatrices n’ont pas choisi ce lieu par hasard. On se trouve dans une vallée, propice au recueillement, avec une fontaine pour l’eau potable, et un ru qui pouvait servir à l’abreuvement d’un troupeau et à l’irrigation des cultures. On peut d’ailleurs constater qu’en périodes de sécheresse,  la fontaine et le ru ne se tarissent jamais, preuve que l'emplacement avait été choisi en connaissance de cause.
Cet site, dénommé alors en latin « Bona valle », ce qui signifie Bonne vallée, donnera son nom à l’abbaye de Bonneval  dont la commune de Saint Jean de Bonneval portera le nom jusqu’en 1910.


L’ABBAYE AU MOYEN AGE


Dès sa fondation, l’abbaye est dotée de nombreux dons de terres et de rentes de la part des seigneurs alentours et particulièrement des vicomtes de Thouars.
Ces propriétés sont authentifiées par des textes. En 1169 déjà, une bulle du pape Alexandre II confirme les possessions du monastère.
Les dons se poursuivent tout au long des siècles. Ainsi en 1347, Louis 1er, vicomte de Thouars fait une nouvelle donation » pour le salut de son âme et celle de ses enfants ». On achetait ainsi ses pénitences, pratique qui sera dénoncée quelques siècles plus tard, en 1517, par un nommé Martin Luther, puis par Calvin dont le nom sera associé à l’une des périodes de la vie de l’abbaye de Bonneval.

Image ci-contre : Abbaye de St jean de Bonneval vue de Thouars

L’ABBAYE AUX  XVIème et XVIIème  SIECLES


Intéressons-nous  particulièrement à 3 des 49 abbesses qui ont un peu plus marqué l’histoire de l’abbaye pour que leur nom soit attribué à 3 rues de la commune.

 Philippe de Chasteigner de la Roche Posay,  la 33ème abbesse nommée en 1543.  Oui il s’agissait bien d’une femme, le prénom Philippe était alors mixte. Contre toute attente, elle se convertie aux idées du protestantisme qui se développe en France  au  milieu du XVIème et elle quitte l’abbaye avec  8 de ses religieuses en 1557 pour rejoindre  le dit  Calvin à Genève.

Isabelle de Vivonne, la 37ème abbesse. Elle est nommée en 1590 et règnera jusqu’en 1632. C’est une bâtisseuse, elle reconstruit complètement l’édifice. Elle donne à l’abbaye de Bonneval une splendeur inégalée ; on compte alors jusqu’à 40 religieuses au sein du couvent.
L’édifice a disparu, mais il nous est tout de même possible de nous rendre compte de sa richesse architecturale.
En effet, à la toute fin du XVIIème siècle, en 1699 exactement,  l’abbaye de Bonneval ainsi que le Château de Thouars font l’objet d’une reproduction à la demande du collectionneur Gaignères.
Cette iconographie, dont l’original est conservée à la BNF nous permet d’appréhender l’importance qu’avait cet édifice,  confirmée par le cadastre Napoléon qui en retrace les fondations.
C’est bien un bâtiment d’environ 100 mètres de long qui se dressait sur l’ensemble du grand mur porteur situé à l'arrière du lavoir-séchoir.


DECLIN ET FIN AU XVIIIème SIECLE


Louise de This. C’est la 49ème et dernière abbesse, nommée en 1786.
Trois ans plus tard, la révolution marquera la fin de l’abbaye.  L’abbesse Louise de This  signe le 25 février 1790 l’inventaire de l’abbaye qui sera ensuite vendue comme bien national.
L’ensemble conventuel est cédée dès 1791 à un nommé Cornuault de Faye l’Abbesse, qui le revend en 1796 à Louis Richou, alors député, qui le revend aussitôt à un tanneur thouarsais nommé Laurent Guillon.
Ce dernier démolit les  bâtiments déjà ruinés par les guerres de Vendée et vend les matériaux pour la construction.
Le site est de nouveau cédé en 1839 à la famille Gallot, une famille de médecins,  qui s’y installe et y construit sa demeure.
Certaines pierres de déconstruction restantes alimenteront même une nouvelle activité industrielle qui vient de voir le jour dès 1841 sur la commune,  les fours à chaux. La commune en comptera jusqu’à 7 à la fin du XIXème siècle.


ACHAT PAR LA COMMUNE DE SAINT JEAN DE THOUARS
La famille Gallot,  restera propriétaire de l’ensemble conventuel jusqu’en 2015, lorsque les descendants Rault  en vendront une partie à la commune et cèderont l’autre partie à des privés quelques années plus tard.  Il ne reste comme vestige de l’abbaye que l’église et sur la propriété communale,  3  bâtiments de petit patrimoine, que sont la fontaine des trois Marie, le pigeonnier et le lavoir-séchoir.